Comme ses prédécesseurs, le Tourville a réalisé ses premiers essais au large du port de Cherbourg. La construction du Tourville a débuté en 2011. Sa mise à l’eau a été réalisée le 20 juillet 2023 mais ce n’est qu’en avril 2024 que sa chaufferie nucléaire a été mise en service. Ainsi, sa première sortie en mer a eu lieu le 12 juillet dernier pour une phase d’essais à proximité de ses chantiers navals. Désormais positionné au niveau de la digue du Homet, le Tourville débutera prochainement la seconde partie de ses essais en Atlantique avant d’être livré à la Marine nationale en fin d’année et de rejoindre Toulon.
Afin de garantir un périmètre de sécurité autour du sous-marin, la Préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord a rédigé un arrêté interdisant la navigation maritime et aérienne dans un rayon de 5 kilomètres au large du port du Becquet. C’est en effet à cette localisation que s’est effectuée sa première plongée statique. Il s’agissait de tester les capacités du sous-marin en termes d’étanchéité, de stabilité ou encore d’immersion.
Durant ces essais, le bâtiment appartient toujours à Naval Group, en charge de sa construction en collaboration avec TechnicAtome. Toutefois, la Marine nationale est chargé du commandement opérationnel. La Commission à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) se charge quant-à-elle des chaufferies nucléaires pendant que la Direction Générale de l’Armement (DGA) est responsable des essais en mer.
Lors du déplacement du sous-marin en surface en dehors de cette zone, un périmètre de sécurité est conservé. Celui-ci est notamment assuré par un patrouilleur de service public (PSP), plusieurs semi-rigides des fusiliers marins, la vedette de surveillance maritime et portuaire (VSMP) Heaume et des semi-rigides de la gendarmerie maritime. Un hélicoptère de l’Armée de l’Air et de l’Espace de type H125 – AS555 Fennec 2 a également survolé le bâtiment lors de son entrée en petite rade.
Pour les différentes opérations de manœuvre et d’essais, le Tourville est assisté du chaland multi-missions (CMM) Araignée, basé à Cherbourg depuis 2019, mais aussi de deux remorqueurs côtiers Fréhel et Saire et des remorqueurs-pousseurs de 10 tonnes (RP10) Le Fou, La Mouette et La Macreuse.
Comme tous les sous-marins nucléaires français, le Tourville a été construit au sein de l’Arsenal cherbourgeois. Il s’agit d’un sous-marin nucléaire d’attaque (SNA) et mesure 99,5 mètres de long pour 8,8 mètres de diamètre.
Sa propulsion est hybride avec un réacteur à eau pressurisée, deux turbines de propulsion, deux turbo-alternateurs et deux moteurs électriques. Ce mode de propulsion lui permet d’atteindre une vitesse de 14 nœuds en surface et supérieure à 23 nœuds en plongée, tout en garantissant un rayon d’action illimité et une disponibilité en mer supérieure à 270 jours par an.
Le Tourville est notamment armé de missiles de croisières navals (MdCN), de torpilles lourdes filoguidées F21, de missiles antinavires SM-39 Exocet et de mines marines. Ses missions principales sont le renseignement, la projection de puissance mais aussi la protection d’autres bâtiments, tels que le porte-avions Charles de Gaulle.
Le Tourville fait partie du programme Barracuda, composé de 6 sous-marins nucléaires d’attaque, ayant pour but de remplacer les autres SNA français de classe Rubis. Deux SNA de nouvelle génération sont déjà entrés en service en juin 2022 et en avril 2024, respectivement les Suffren et Duguay-Trouin. Après le Tourville, les autres SNA, à savoir les De Grasse, Rubis et Casabianca seront livrés jusqu’en 2030. Les Rubis, Saphir et Casabianca, trois des anciens SNA sont en attente de démantèlement au sein de la Base Navale de Cherbourg.
Le sous-marin s'est positionné au niveau de la digue du Homet
L’équipage bleu du Tourville est composé de 65 membres, pour un tiers provenant de l’équipage bleu de l’Emeraude, en fin de vie opérationnelle, pour un autre tiers des Suffren et Duguay-Trouin et pour le dernier tiers de nouveaux sous-mariniers. Cet équipage est commandé par le capitaine de frégate Guillaume Egret, notamment ancien commandant du SNA Emeraude. Un second équipage, rouge, sera composé prochainement pour permettre une alternance des sous-mariniers et une continuité du service.
Actuellement, la France dispose de 5 SNA en service, les Emeraude, Améthyste et Perle, de type Rubis, et les Suffren et Duguay-Trouin, du programme Barracuda.
A ces SNA s’ajoutent 4 sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE), Le Triomphant, Le Téméraire, Le Vigilant et Le Terrible, lancés entre 1995 et 2009. Ces SNLE ont pour unique mission la dissuasion nucléaire. Le premier SNLE français, Le Redoutable, est exposé et visitable à Cherbourg.
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