Deux navires dédiés au transport de matières radioactives attendus à Cherbourg

Un convoi maritime de combustible nucléaire devrait quitter Cherbourg le 6 septembre. Il s’agit de la neuvième expédition de ce type vers le Japon.

Les navires attendus au quai des Flamands sont les jumeaux Pacific Heron et Pacific Egret.

Appartenant à la compagnie anglaise PNTL (Pacific Nuclear Transport Limited) qui opère depuis plus de 45 ans entre l’Europe et le Japon, ces navires sont longs de 104 mètres pour 17 mètres de large.

Dédiés au transport nucléaire, ils dépassent les exigences du code INF (régissant le transport maritime de combustible nucléaire irradié conditionné, de plutonium et de déchets hautement radioactifs). Ils sont donc classés au plus haut niveau, INF3.

Pour contrer toute avarie, ces navires disposent de nombreux équipements en double. Ainsi, chacun d’entre eux est équipé de 2 moteurs diesels de 3600 chevaux chacun, 2 gouvernails et 2 hélices capables de fonctionner de manière indépendante. Le câblage essentiel est dupliqué de chaque côté. Deux générateurs d’électricité de secours, aux deux extrémités, équipent aussi ces cargos afin de garantir le fonctionnement électrique essentiel. Ils sont également dotés d’une double coque couvrant un cinquième de leur largeur.  Enfin, en cas d’incendie, toutes les cales peuvent être totalement remplies d’eau de mer sans compromettre leur flottabilité.

Leur escale cherbourgeoise leur permettra de charger du combustible MOx à destination du Japon. Le MOx, « mélange d’oxydes »,  est un combustible composé d’uranium et de plutonium. Il permet de recycler le combustible usagé puisque le plutonium provient de réactions liées à l’utilisation d’uranium dans les centrales nucléaires. Cette utilisation du plutonium est complémentaire à celle de l’armement.

Il est à noter que 7 pays utilisent le MOx à travers le monde, à savoir la France, l’Allemagne, le Japon, la Suisse, la Belgique, les Etats-Unis et les Pays-Bas.

Un des inconvénients à l’utilisation de MOx vis-à-vis de l’uranium est sa plus grande radiotoxicité.

Afin d’éviter tout acte de malveillance et pour des raisons de sûreté évidentes, de nombreuses informations restent confidentielles.

Comme toujours, alors qu’un navire sera chargé du combustible nucléaire, un second navire jumeau, vide, naviguera avec le premier jusqu’à sa destination finale. Ces deux cargos alterneront leurs positions de manière à ne pas connaître lequel des deux est chargé. Leur position restera aussi inconnue puisqu’ils naviguent sans AIS (système d’identification automatique).

Les navires sont également équipés de canons navals fixes et d’autres systèmes de protection. Tout au long du trajet, des agents de la CNC, police nucléaire civile du Royaume-Uni, seront aussi présents à bord.

Lors de son escale cherbourgeoise, le chargement sera fortement sécurisé. En plus des forces terrestres composées de policiers et gendarmes, un dispositif maritime sera mis en place. Des moyens de la Marine nationale et de la Gendarmerie maritime devraient être déployés sur le plan d’eau autour du navire. Le survol de la zone sera également interdit par un arrêté de la Préfecture maritime.

Enfin, au sein des eaux françaises, le convoi sera escorté par des navires de la Marine nationale.