En 15 ans, le port de Cherbourg s'est métamorphosé, que ce soit au niveau de ses infrastructures ou des navires portuaires.
Le 30 novembre 2010, peu après le départ du ferry Oscar Wilde, la passerelle 3 du port transmanche s'est retournée, causant le décès d'un homme. Ce n'est que 6 mois plus tard qu'une nouvelle passerelle a pris place au même endroit, au sud du quai de France. Ayant pris le nom de poste 6 (ou P6), cette passerelle complète l'offre proposée par le port de Cherbourg, en plus des postes 4 et 2 positionnés à l'est.
En juillet 2014, les "demoiselles de Cherbourg" ont cessé d'être utilisées. Ces deux dernières passerelles transatlantiques, datant de l'inauguration de la gare maritime transatlantique en 1933, ne correspondaient plus aux normes en vigueur. Parmi les 9 de départ, 4 ont été détruites lors de la Seconde Guerre mondiale et 3 autres en 1982. Classées au titre des monuments historiques depuis 1989, ces rescapées sont désormais stationnées, laissées à l'abandon, au nord du quai de France.
Pour accueillir les croisiéristes, Cherbourg s'est doté d'une nouvelle passerelle mobile à l'été 2018. De couleur anthracite et davantage vitrée vis-à-vis de ses aînées, sa forme est totalement différente. Une partie parallèle au quai permet de réduire l'angle pouvant exister, selon les paquebots et la marée, entre le navire et le premier étage de la gare maritime transatlantique donnant accès au terminal croisière.
Une nouvelle passerelle (sur les 4 premières photos) remplace les deux historiques (sur les photos du bas)
A partir de 2013, le port de Cherbourg a entamé une grande phase d'agrandissement de ses terre-pleins.
Le quai des Flamands, désormais long de 580 mètres, a ainsi été allongé de 220 mètres et un retour de 100 mètres a été créé. La nouvelle surface a donné lieu a un terre-plein pouvant supporter de lourdes charges. Il a accueilli son premier cargo en mars 2015.
Le terre-plein des Flamands s'est également agrandi sur la grande rade (au nord et à l'est de l'ancien terre-plein). Cette extension de 39 hectares est dédiée à l'accueil des EMR (énergies marines renouvelables).
En 2016, la capitainerie du port de Cherbourg a déménagé dans ses nouveaux locaux. Anciennement localisée en centre-ville, au niveau du pont-tournant, elle a été déplacée au-dessus du terminal croisière, au sein de l'historique gare maritime transatlantique. Mise en vente en 2018, l'ancienne capitainerie accueille désormais un restaurant gastronomique.
La capitainerie de Cherbourg était située à l'est du pont tournant avant d'investir la gare maritime
Ces dernières années, le port transmanche a subi d'importantes modifications.
Le principal aménagement est le terminal de ferroutage de la nouvelle ligne reliant Cherbourg à Mouguerre près de Bayonne. Lancée en mai 2025 par Brittany Ferries, cette offre devrait éviter 20 000 trajets routiers. Deux trains de 750 mètres et 22 wagons de 2 remorques chacun sont prévus. Ces remorques seront chargées (ou déchargées) à bord de l'un des navires de la compagnie française par les manutentionnaires du port.
Une mutualisation des parkings fret a été effectuée tandis que les postes de douanes, de police aux frontières et de contrôles ont été déplacés. Des bâtiments (tour de contrôle ferroviaire et bâtiment d'attente pour les passagers des P2 et P4) ont aussi été construits.
Enfin, un duc-d'Albe a été aménagé au nord du poste n°4 afin d'optimiser l'amarrage en sécurité des ferries de grandes tailles tels que le WB Yeats.
Lors de tous ces travaux, le port en a profité pour rehausser l'ensemble de ses clôtures, à 4 mètres de haut, pour lutter contre les intrusions et sécuriser le site. Au total, 3,5 kilomètres de barrières ont été remplacées.
Un autre duc-d'Albe a été aménage au nord du quai de France pour accueillir des paquebots importants en plus des ferries positionnés au poste 6, dans le prolongement.
Les moyens portuaires ont également évolué du côté des navires.
En mai 2014, la station de pilotage de Cherbourg a acquis une nouvelle vedette. Appelée CH4, elle est longue de 12 mètres. Principalement utilisée en conditions météorologiques favorables, elle est particulièrement économe en énergie par rapport aux autres pilotines.
Plus grande et principalement dédiée au pilotage hauturier, la vedette CH5 est également venue renforcer la flotte de la station cherbourgeoise en 2019. Il s'agit de l'ancienne Loire 18, basée à Saint-Nazaire. Lancée en janvier 2002, elle mesure 18,5 mètres de long.
Enfin, la station s'est séparée de la vedette CH2 en 2022. Elle est toujours visible à Cherbourg, de l'autre côté de l'avant-port, puisqu'elle a été achetée par une entreprise de soutien offshore. Sa jumelle, CH3, longue de 14,5 mètres est quant-à-elle toujours utilisée par les pilotes du port. Elle a été repeinte selon la nouvelle livrée de la station.
Depuis le 29 août 2016, le port de Cherbourg dispose d'un nouveau remorqueur portuaire. Construit la même année en Roumanie, le Cherbourg 1 est long de 28,67 mètres. Sa puissance de 3730 kW lui permet d'atteindre 13,5 noeuds et de tracter jusqu'à 60 tonnes.
Auparavant, il s'agissait du Chambon Sirocco, rebaptisé Sirocco II en 2013 lors de son changement d'armement pour Ports Normands Associés (PNA), devenus depuis Ports de Normandie. Construit en 1975 avec une puissance de 3000 kW lui permettant de tracter jusqu'à 48 tonnes, le navire mesure 37,3 mètres de long. Le Sirocco II est depuis devenu Rocco et est basé en Suède.
Un second remorqueur portuaire était basé à Cherbourg. Le Chambon Noroit, long de 30,25 mètres, a quitté le port pour celui de Calais. Construit en 2007, il peut tracter jusqu'à 65 tonnes et est doté d'une propulsion de 3600 kW.
Des navires de l'Action de l'Etat en mer (AEM), au marquage tricolore, sont également basés à Cherbourg.
Depuis 2020, l'Argonaute mène des missions de lutte antipollution. Anciennement basé à Brest, il a rejoint la Base Navale de Cherbourg où il remplace l'Elan. Cet ancien bâtiment de soutien de région (BSR), basé depuis 1998 dans le Cotentin, a été désarmé le 2 juillet 2019. Il est toujours visible en petite rade, au sein du port militaire.
L'été 2022, Cherbourg a pu revoir une dernière fois son ancien remorqueur hauturier de la période 1978 - 2005. L'Abeille Languedoc remplaçait son successeur, l'Abeille Liberté, lors de son arrêt technique. Rebasée à La Rochelle en 2005, l'Abeille Languedoc avait ensuite été repositionnée sur la façade nord à compter de 2010, initialement à Dunkerque, puis à Boulogne-sur-Mer dès l'année suivante. Remplacée par la nouvelle Abeille Normandie à l'été 2022, l'Abeille Languedoc a rejoint Brest le 3 août pour y être démantelée entre avril et juillet 2023.
Ces 15 dernières années, Cherbourg a enfin affirmé sa place de port militaire et commercia français majeur. Que ce soit aux CMN pour les filières hydroliennes et éoliennes en 2013, à Naval Group pour le lancement du SNA Suffren en 2019, à la Base Navale pour les vœux aux Armées en ou encore au quai de France pour une cérémonie internationale des commémorations des 80 ans du Débarquement en 2024, le port de Cherbourg a été le lieu de visites officielles du Président de la République.
Arrivée d'Emmanuel MACRON à Cherbourg le 7 juin 2024
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